L’écologie est de plus en plus au cœur d’un débat national, qui pourtant ne semble pas passionner les foules. La question écologique est cependant, l’enjeu principal de notre temps, avec des perspectives climatiques particulièrement pessimistes, allant de 4,8 à 7°C de hausse des températures globales en 2100.
La gestion de l’énergie est ainsi plus que jamais au centre de nos défis. Le bâtiment tant dans sa construction que dans son fonctionnement pèse lourd dans la balance énergétique.
Est-il donc possible de réduire cet impact tout en ne détruisant pas l’un des secteurs les plus importants de notre économie moderne. Secteur qui, rappelons-le, représente environ 1,3 million d’employés d’après la Fédération Française du Bâtiment.
L’impact énergétique du bâtiment
Utilisation des ressources
Le premier point négatif du bâtiment contemporain est son impact lors de la préparation des matériaux de construction. Cette énergie, que l’on nomme grise, représente l’énergie consommée lors du cycle de vie d’un matériau, de son élaboration à son éventuel recyclage. Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, le secteur du bâtiment représente jusqu’à 40% de la consommation énergétique mondiale.
D’autre part, le sable, à titre d’exemple, est une ressource qui diminue fortement en raison du bâtiment. Il faut ainsi environ 200 tonnes de sable pour construire une maison et 30 000 tonnes pour réaliser 1km d’autoroute.
Autre exemple, celui de la place disponible pour construire. En France, la place disponible à la construction réduit de 1,1% par an, un rythme très élevé qui pose la question de la construction verticale.
Consommation énergétique
Une fois le bâtiment construit, la consommation énergétique continue, cette fois-ci pour le confort les occupants.
Il s’agit là de facteurs qui nous touchent tous : chauffage, climatisation électricité, eau et bien d’autres.
Les maîtres d’œuvre et d’ouvrage ainsi que les artisans ont un rôle à jouer dans ce domaine. Ils peuvent opter pour des solutions plus modernes et moins énergivores. En parallèle, les pouvoirs publics peuvent pousser vers ces solutions grâce à la pédagogie et aux arguments financiers.
Les initiatives des pouvoirs publics
Normes thermiques et gardes fous : RT et RE
Si la prise de conscience du problème écologique par le grand public est récente, les autorités s’y sont attelées, timidement, depuis plus longtemps.
Les règles thermiques, qui visent à réduire la consommation énergétique à destination du chauffage des habitations sont issues de cette prise de conscience.
Les fameuses RT (Règlements Thermiques) existent depuis 1974 et la dernière version date de 2012. La relève sera assurée dès 2021 par la RE 2020 (Réglementation Énergétique).
La recette réussit, car en 1974 on nécessitait 225kWh/m² par an, en 2012, ce chiffre a été réduit à 50kWh/m² par an. En 2021, cette énergie passera sous 0, avec les bâtiments à énergie positive (BEPos).
Le dispositif RGE
Faire la publicité de nouvelles technologies thermiques n’est une solution efficace que s’il existe des professionnels pouvant en réaliser l’installation.
C’est pour cette raison que les pouvoirs publics ont créé le label RGE( Reconnu Garant de l’Environnement). Cette certification permet aux artisans de se former à de nouveaux produits et de perpétuer cette formation au cours de leur carrière. Il existe d’ailleurs des contrôles très rigoureux qui donnent au label RGE son niveau de qualité.
Des aides et subventions
Avoir recours à un artisan RGE permet en outre de bénéficier des aides de l’état. Sans artisan de cette qualité, les principales aides ne sont pas débloquées, même si vous et vos travaux y êtes éligibles. Il faut ainsi bien préparer votre chantier en amont, en gardant cet élément à l’esprit.
Les aides disponibles sont très variées, mais sont généralement groupées autour de travaux réduisant la consommation énergétique d’un logement, ou proposant l’installation d’équipement plus respectueux de l’environnement.
Des bâtiments rétromodernes pour le 21e siècle ?
La décroissance, les low techs, ces concepts complètement saugrenus il n’y a qu’une dizaine d’années, sont désormais sur toutes les lèvres et dans tous les media.
Dans le bâtiment aussi, la tendance est à faire du neuf avec du vieux à recycler de vieilles ficelles de construction, tout en les adaptant aux attentes du 21e siècle. C’est dit, le bâtiment du futur sera rétromoderne.
Quelques exemples de construction alternative et écoresponsable
Voici quelques exemples, qui ne représentent pas une liste exhaustive des possibilités.
- Construction en bois : La construction bois est en plein essor. Elle permet l’utilisation d’un matériau facilement gérable, et limite massivement l’émission d’énergie grise. On peut faire des maisons en bois, mais également des immeubles, comme la tour Jules Ferry de Saint Dié (8 étages) ou la tour Brock Commons de Vancouver (18 étages).
- La paille : On peut construire avec de la paille, les peuples plus anciens l’ont fait et nous le redécouvrons. La paille est un excellent isolant et n’emmet que très peu d’énergie grise, tout en étant très bon marché. On peut également construire des murs porteurs en paille comme cela a été fait pour une école à Rosny-sous-Bois.
- Les laines animales : Les laines animales sont également d’excellents isolants qui offrent des propriétés thermiques très élevées, une durée de vie longue et une accessibilité très simple sous nos latitudes.
Les formations : Un problème toujours d’actualité
Pourtant, il existe encore un problème de taille si l’on désire populariser ces bâtiments écoresponsables : celui des ouvriers. En effet, ces techniques ne sont plus maîtrisées par les acteurs du bâtiment dont les formations ont favorisé les matériaux plus énergivores.
Il y a donc un énorme besoin de formation, pour que les intervenants du bâtiment puissent apporter ces constructions dans le bâtiment résidentiel, sans que cela ne reste anecdotique.
La rénovation, le plus gros chantier de France
Comme le martèle Jean-Marc Jancovici, ingénieur et enseignant à l’écoles des Mines, la rénovation des bâtiments anciens à l’aide de techniques modernes est le geste le plus efficace pour réduire l’impact énergétique du parc immobilier français.
Les aides abondent dans cette direction, mais les difficultés économiques actuelles les réduisent chaque année un peu plus. Il existe donc des solutions, des initiatives, des perspectives efficaces, mais il manque sans doute une volonté réelle pour transformer la théorie en pratique standardisée.