La RE2020 est la dernière réglementation énergétique entrée en vigueur dans le domaine du bâtiment. Elle vise notamment à réduire l’empreinte carbone des bâtiments neufs et introduit de nouveaux seuils d’émission carbone à respecter à court, moyen et long terme. Après avoir défini des premiers seuils d’émission carbone en 2022, elle prévoit des ajustements progressifs en 2025, 2028 et 2031, pour les rendre de plus en plus contraignants. Analysons l’importance de ces ajustements et leur impact sur la construction et la rénovation des bâtiments, ainsi que sur le choix des matériaux utilisés.
Qu’est-ce que la RE2020 ?
Entrée en vigueur en 2022 après avoir été repoussée du fait de la crise sanitaire, la RE2020, ou Réglementation Environnementale 2020, est un ensemble de normes visant à réduire l’impact environnemental des bâtiments neufs sur le territoire français. Elle vient ainsi compléter et même remplacer la RT2012 (Réglementation Thermique 2012).
La RE2020 prévoit de nouvelles obligations thermiques à respecter pour les constructions avec pour objectif principal de limiter les émissions de gaz à effet de serre d’un secteur particulièrement énergivore. Ce dispositif s’inscrit par ailleurs dans une démarche globale de transition écologique et énergétique avec pour objectif la neutralité carbone à horizon 2050 à l’échelle nationale et la construction d’ouvrages plus durables et respectueux de l’environnement.
Les objectifs de la RE2020
L’ancien objectif de bâtiment basse consommation de la RT 2012 est désormais supplanté par l’ambition de construire des bâtiments à énergie positive (BEPOS) produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment, grâce notamment à la démocratisation des sources d’énergies renouvelables.
Les pouvoirs publics ont ainsi fixé 3 orientations principales pour l’application de cette nouvelle réglementation dans les maisons individuelles et les logements collectifs à savoir :
- la réduction drastique de l’empreinte carbone liée à la construction des bâtiments ;
- la poursuite d’une trajectoire de sobriété énergétique et d’une transition vers des sources d’énergie décarbonées ;
- l’atteinte d’un niveau de confort optimal dans le bâtiment même pendant les épisodes de forte chaleur.
Bon à savoirUn dernier objectif plus global est également parfois mis en avant avec la gestion durable des ressources naturelles tout au long du cycle de vie du bâtiment.
Les nouvelles mesures pour réduire les émissions de carbone
De façon plus concrète, cette réglementation impose des critères stricts en termes de performance énergétique et environnementale aux nouvelles constructions avec notamment des nouveaux seuils de consommation à respecter :
- l’indicateur Ic Construction qui mesure l’impact carbone des produits utilisés pour la construction. Pour 2022, il était fixé à 640 kg CO2 eq/m² pour les maisons individuelles et à 740 kg CO2 eq/m² pour les logements collectifs ;
- l’indicateur Ic Energie qui évalue l’impact carbone des consommations d’énergie dans le bâtiment. Pour 2022, il était fixé à 160 kg CO2 eq/m² pour les maisons individuelles et 560 kg CO2 eq/m² pour tous les logements collectifs.
Si ces premiers seuils ont été déterminés pour l’année 2022 au moment du lancement, d’autres seuils indicatifs sont également prévus pour 2025, 2028 et 2031. La contrainte se veut ainsi progressive pour laisser le temps aux acteurs du secteur de s’adapter à cette nouvelle donne et de s’approprier les nouvelles méthodes de calcul.
La RE2020 donne plusieurs pistes pour se mettre en conformité avec ces nouveaux indicateurs. Elle préconise notamment la construction intelligente (notamment en termes d’orientation), l’utilisation de matériaux écologiques, la limitation du recours aux sources d’énergie fossile ou encore l’intégration massive des solutions de chauffage et de climatisation utilisant des énergies renouvelables.
L’ajustement des seuils de l’Ic Construction
L’Indicateur Carbone Construction (Ic Construction) impose des seuils maximaux d’émissions de gaz à effet de serre liés à la construction d’un nouveau logement. Ces seuils, exprimés en kg CO2 eq/m², sont fixés en fonction de la typologie du bâtiment et vont se révéler plus stricts et ambitieux dans le temps avec des ajustements pour 2025, 2028 et 2031.
Voici un tableau résumant les ajustements prévus par la RE2020 pour l’Ic Construction :
Type de logement / Année d’ajustement | 2022 | 2025 | 2028 | 2031 |
---|---|---|---|---|
Maison individuelles | 640 kg CO2 eq/m² | 530 kg CO2 eq/m² | 475 kg CO2 eq/m² | 415 kg CO2 eq/m² |
Logements collectifs | 740 kg CO2 eq/m² | 650 kg CO2 eq/m² | 580 kg CO2 eq/m² | 490 kg CO2 eq/m² |
L’ajustement des seuils de l’Ic Énergie
L’Indicateur Carbone Énergie (Ic Energie) prend pour sa part en compte à la fois la consommation d’énergie primaire du bâtiment sur sa durée de vie et les émissions de gaz à effet de serre liées à cette consommation.
Les seuils Ic Énergie varient là encore selon le type de bâtiment. Des ajustements sont également prévus mais cette fois seulement jusqu’en 2028 et uniquement pour les logements collectifs, le seuil restant stable pour les logements individuels.
Voici un tableau résumant les ajustements prévus par la RE2020 pour l’Ic Energie :
Type de logement / Année d’ajustement | 2022 | 2025 | 2028 |
---|---|---|---|
Maison individuelles | 160 kg CO2 eq/m² | 160 kg CO2 eq/m² | 160 kg CO2 eq/m² |
Logements collectifs raccordés à un réseau de chaleur urbain | 560 kg CO2 eq/m² | 320 kg CO2 eq/m² | 260 kg CO2 eq/m² |
Autres logements collectifs | 560 kg CO2 eq/m² | 260 kg CO2 eq/m² | 260 kg CO2 eq/m² |
Pour respecter ces différents seuils particulièrement contraignants, les constructeurs devront donc mettre en place différentes stratégies parmi lesquelles :
- l’amélioration de l’efficacité énergétique du bâtiment : (isolation très performante, recours à des systèmes de chauffage et de refroidissement efficaces tels que des pompes à chaleur ou des poêles à bois, ventilation optimisée, etc.) ;
- l’utilisation de matériaux de construction à faible impact carbone (matériaux biosourcés notamment pour l’isolation, recours aux matériaux recyclés, etc.) ;
- la production d’énergie renouvelable directement sur site (panneaux solaires, systèmes de récupération d’énergie, etc.).
Les indicateurs qui ne subiront pas d’ajustement en 2025, 2028 et 2031
L’indicateur Bbio (besoin bioclimatique) mesurant la performance énergétique du bâtiment en termes de consommation d’énergie primaire (chauffage, refroidissement, ventilation, éclairage…) restera pour sa part inchangé après la valeur fixée pour 2022 à 63 points pour les maisons individuelles ou accolées et à 65 points pour les logements collectifs.
Il en sera de même pour les indicateurs Cep,nr et Cep qui mesurent la consommation d’énergie primaire en kWh/m².an. Les valeurs restent également inchangées après 2022 avec :
- pour le Cep,nr : 55 kWh/m².an pour les maisons individuelles et accolées et 70 kWh/m².an pour les logements collectifs ;
- pour le Cep : 75 kWh/m².an pour les maisons individuelles et accolées et 85 kWh/m².an pour les logements collectifs.
Les conséquences des ajustements de la RE2020 pour les acteurs du secteur de la construction
Les ajustements de la RE2020 auront des conséquences importantes pour les acteurs du secteur de la construction, tant au niveau de leur activité que de leur organisation.
L’impact sur les matériaux et les techniques de construction
La RE2020 vise à réduire l’empreinte carbone du bâtiment en limitant l’utilisation de certains matériaux et en favorisant l’utilisation d’autres plus durables et moins émetteurs en CO2. Ainsi, les acteurs devront s’adapter en utilisant davantage des matériaux biosourcés (bois, paille, chanvre…) ou recyclés plutôt que des matériaux traditionnels comme le béton ou le plastique. Cela impliquera également une évolution des techniques de construction pour intégrer ces nouveaux matériaux dans les projets.
La nécessité d’une approche globale et intégrée
La RE2020 incite à une approche globale et intégrée dès la conception des bâtiments, en prenant en compte l’ensemble des critères environnementaux tels que la performance énergétique, l’empreinte carbone ou encore la gestion de l’eau et des déchets. Tous les acteurs devront donc collaborer dès le début du projet pour trouver la meilleure solution possible.
L’adaptation des processus et des méthodes de travail
Les ajustements de la RE2020 nécessiteront une adaptation des processus et des méthodes de travail des professionnels du bâtiment. Cela peut impliquer une formation pour se familiariser avec les nouveaux matériaux et techniques, ainsi qu’une réorganisation du travail pour intégrer les contraintes environnementales dès le début du projet.
L’impact sur les coûts et la rentabilité
L’utilisation de matériaux plus durables pour la construction d’un bâtiment impliquera probablement un coût plus élevé pour le client. Cependant, à long terme, ces méthodes de conception devraient être bénéfiques en termes de rentabilité grâce aux économies d’énergie réalisées. Les acteurs devront donc évaluer attentivement les coûts initiaux par rapport aux économies à long terme.
Les nouveaux défis pour les entreprises
Enfin, la mise en place de la RE2020 représentera également de nouveaux défis pour les entreprises du secteur de la construction, notamment en termes de compétences, d’organisation et de capacité à innover. Les acteurs devront être en mesure de proposer des solutions adaptées à ces nouvelles exigences environnementales et d’acquérir les connaissances nécessaires pour mettre en œuvre ces solutions.